Publié le 15 mars 2024

Chaque euro dépensé pour un cadeau artisanal local n’est pas une simple dépense, mais un investissement qui peut tripler sa valeur au sein de votre territoire.

  • Apprenez à décrypter l’effet multiplicateur qui transforme votre achat en emplois et en richesse locale.
  • Maîtrisez les outils pour déjouer le « local-washing » et identifier les véritables artisans.

Recommandation : Passez du statut de consommateur à celui d’acteur économique en appliquant notre checklist pour un impact social et territorial maximal.

Offrir un cadeau est un geste chargé de sens. Mais au-delà de l’intention personnelle, chaque achat est un vote, une décision économique qui façonne le monde qui nous entoure. On entend souvent qu’il faut « acheter local » pour soutenir nos artisans, une idée louable mais souvent perçue comme un simple acte de bienveillance. Les solutions habituelles se limitent à fréquenter les marchés de Noël ou à chercher des produits estampillés d’un drapeau régional. Pourtant, cette vision est incomplète. Elle ignore la puissance économique réelle qui se cache derrière un choix de consommation éclairé.

Et si la véritable clé n’était pas seulement de « soutenir » l’artisanat, mais d’investir stratégiquement dans notre écosystème local ? Si chaque cadeau pouvait devenir un levier pour la création d’emplois, la préservation de savoir-faire uniques et la vitalité de nos territoires ? L’enjeu n’est pas sentimental, il est économique et social. Il s’agit de comprendre les mécanismes qui transforment un euro dépensé chez un potier de village en trois euros irriguant l’économie régionale. C’est passer du statut de simple consommateur à celui d’acteur engagé pour une économie plus résiliente et humaine.

Cet article n’est pas une simple liste d’idées cadeaux. C’est un guide opérationnel pour tout citoyen désireux de maximiser l’impact de ses achats. Nous allons décortiquer l’effet multiplicateur de l’économie locale, vous donner les outils pour identifier les vrais artisans et déjouer les pièges du marketing, et enfin vous montrer comment transformer votre cadeau en une histoire puissante, celle de votre contribution à une économie de proximité durable.

Pour naviguer efficacement à travers cette analyse, voici les points essentiels que nous aborderons. Ils vous fourniront une feuille de route complète pour faire de chaque cadeau un acte économique et social fort.

Pourquoi chaque euro dépensé chez un artisan local génère 3 euros dans l’économie régionale ?

Loin d’être un slogan, l’idée qu’un euro dépensé localement a une valeur démultipliée repose sur un mécanisme économique concret : l’effet multiplicateur local. Chaque achat auprès d’un artisan ne s’arrête pas à sa caisse. Il enclenche une série de transactions en cascade qui irriguent l’ensemble du tissu économique de proximité. Cet argent, au lieu de s’évader vers des sièges sociaux lointains, reste et travaille sur le territoire. L’impact est tangible, comme le démontre le rôle de ce secteur dans l’économie : une étude montre que l’artisanat en Bourgogne-Franche-Comté génère 4,1 milliards d’euros, soit 11% de la richesse marchande privée de la région.

Cet effet repose sur plusieurs piliers. L’argent perçu par l’artisan est utilisé pour payer ses propres fournisseurs, qui sont souvent d’autres entreprises locales. Le salaire qu’il se verse, ou qu’il verse à ses employés, est ensuite dépensé dans les commerces du voisinage : la boulangerie, l’épicerie, le café. Enfin, les impôts et taxes qu’il paie financent directement les services publics de la commune. C’est une chaîne de valeur territoriale vertueuse. L’INSEE a d’ailleurs étudié cet effet sur l’emploi, montrant que l’activité d’un secteur productif localisé a des retombées directes sur les autres emplois du territoire.

Pour comprendre comment votre euro se démultiplie, voici les principaux canaux de cet effet :

  • Le circuit des revenus salariés : Les salaires versés par l’artisan sont réinjectés localement par ses dépenses quotidiennes, soutenant ainsi d’autres commerces.
  • Les achats inter-entreprises : L’artisan privilégie souvent des fournisseurs de proximité pour ses matières premières ou ses services (comptable, imprimeur), créant un réseau d’affaires local.
  • L’impact fiscal : Les taxes professionnelles et impôts locaux financent les écoles, les routes et les services publics qui profitent à toute la communauté.
  • Le maintien démographique et social : En créant de l’emploi, même à petite échelle, l’artisanat aide à maintenir la vie dans les villages et prévient l’exode rural.

Votre geste d’achat n’est donc pas anodin. Il est le premier maillon d’une chaîne qui renforce la résilience économique et la cohésion sociale de votre région. Choisir un artisan, c’est choisir de faire circuler la richesse là où vous vivez.

Comment trouver les artisans alimentaires de votre région en 3 étapes simples ?

Identifier les véritables artisans locaux demande une démarche plus proactive que de simplement se fier aux étiquettes en supermarché. Pour dénicher les pépites de votre territoire, il faut savoir où chercher. Loin d’être une quête complexe, cette recherche peut se structurer en trois étapes logiques qui vous mèneront directement aux producteurs et transformateurs qui font la richesse de votre région.

Le point de départ le plus fiable reste les institutions officielles. Chaque département possède une Chambre de Métiers et de l’Artisanat (CMA) qui tient un répertoire des artisans immatriculés. C’est une garantie que la personne ou l’entreprise exerce bien une activité reconnue comme artisanale. Parallèlement, de nombreuses plateformes en ligne se sont spécialisées dans la mise en relation directe, offrant une vitrine digitale à des producteurs qui n’ont pas toujours les moyens de créer leur propre site e-commerce.

Enfin, rien ne remplace le contact direct. Les circuits courts physiques sont le meilleur moyen de rencontrer les artisans, de comprendre leur travail et de garantir l’origine des produits. Les marchés de producteurs, les magasins de coopératives ou la vente directe à la ferme sont des lieux d’échange privilégiés qui redonnent tout son sens à l’acte d’achat. C’est ici que l’on peut véritablement voir, sentir et goûter le fruit d’un savoir-faire authentique.

Artisan fromager travaillant dans sa cave d'affinage traditionnelle avec meules de fromage

Voici la méthode en trois temps pour une recherche efficace :

  1. Consulter les sources officielles : Rendez-vous sur le site de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat (CMA) de votre département. Leur annuaire en ligne est une mine d’or pour trouver des artisans certifiés près de chez vous, tous secteurs confondus.
  2. Explorer les plateformes dédiées : Des sites comme Pourdebon, Frais et Local ou le réseau « Bienvenue à la ferme » se spécialisent dans la vente en direct de produits artisanaux. Ils permettent de filtrer par région et par type de produit, facilitant grandement la découverte.
  3. Privilégier les circuits courts physiques : Identifiez les marchés de producteurs (et non les simples marchés de revendeurs), les AMAP (Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) et les points de vente collectifs dans votre secteur. C’est le meilleur moyen de créer un lien direct et de vous assurer de la provenance.

Artisan indépendant ou petite entreprise locale : quelle différence pour votre impact social ?

Soutenir l’économie locale ne se résume pas à un seul modèle. Entre l’artisan qui travaille seul dans son atelier et la petite et moyenne entreprise (PME) qui emploie plusieurs dizaines de personnes, l’impact social et économique de votre achat diffère. Comprendre ces nuances permet d’orienter votre choix en fonction des valeurs que vous souhaitez prioritairement encourager : la préservation d’un savoir-faire rare ou la création d’emplois structurés sur le territoire.

L’artisan indépendant est souvent le gardien d’une technique ancestrale ou d’une création très personnelle. L’acheter, c’est soutenir directement une personne et son art, garantissant la survie de compétences uniques qui pourraient disparaître. L’impact se concentre sur la préservation du patrimoine immatériel. La PME locale, quant à elle, a un rôle plus structurant pour l’emploi. En employant de 10 à 50 personnes, elle offre des postes stables, participe à la formation via l’apprentissage et génère un effet multiplicateur plus large grâce à une chaîne de sous-traitance locale plus développée. Soutenir une PME, c’est investir dans la création d’emplois durables et la structuration économique d’une filière.

Le tableau suivant met en lumière les différences d’impact clés entre ces deux types d’acteurs économiques locaux. Il vous aidera à faire un choix plus éclairé en fonction de vos objectifs.

Comparaison de l’impact social entre artisan solo et PME locale
Critère d’impact Artisan indépendant PME locale (10-50 salariés)
Sauvegarde du patrimoine Préservation de savoir-faire rares et uniques Structuration et documentation des techniques
Création d’emplois 1-2 emplois, souvent familiaux 10-50 emplois stables avec protection sociale
Formation Transmission informelle, stages courts Parcours d’apprentissage structurés, contrats pro
Impact économique local Multiplicateur x2 sur l’économie locale Multiplicateur x3-4 avec chaîne de sous-traitance
Labels possibles Artisan d’Art, Maître Artisan EPV, SCOP, Entreprise à mission

Certaines entreprises incarnent particulièrement bien cet impact structurant. Comme le souligne la Direction Générale des Entreprises dans son rapport sur les Entreprises du Patrimoine Vivant (EPV) :

Les entreprises labellisées EPV génèrent en moyenne 2,6 millions d’euros de valeur ajoutée et maintiennent 32 emplois directs, démontrant leur rôle structurant pour les territoires.

– Direction Générale des Entreprises, Rapport 2024 sur les Entreprises du Patrimoine Vivant

En fin de compte, il n’y a pas de « meilleur » choix en absolu. L’important est d’être conscient que soutenir un artisan solo ou une PME locale ne sert pas exactement les mêmes objectifs. Votre décision peut ainsi s’adapter : privilégier l’artisan pour un cadeau unique et la sauvegarde d’un geste, et la PME pour des achats plus réguliers qui consolident l’emploi local.

L’erreur qui fait soutenir une grande marque déguisée en producteur local

L’engouement pour le local a vu naître une pratique marketing trompeuse : le « local-washing ». Il s’agit pour de grands groupes industriels de créer des marques aux noms évocateurs, avec un emballage rustique et une histoire bien ficelée, pour donner l’illusion d’un produit artisanal. Le consommateur, pensant bien faire, finance en réalité une multinationale, et l’effet multiplicateur local est quasi nul. Tomber dans ce panneau est l’erreur la plus fréquente qui vide de son sens la démarche d’achat local.

Ces marques « caméléons » utilisent des récits marketing puissants : « Recette de grand-mère », « Saveurs de nos terroirs », « Tradition depuis 1920 ». Or, ces mentions ne sont soumises à aucun contrôle. La clé pour ne pas se faire avoir est de devenir un consommateur-enquêteur. Une recherche rapide sur le numéro SIREN de l’entreprise (obligatoire sur l’étiquetage) ou une simple requête « nom de la marque + appartient à » sur un moteur de recherche peut révéler la véritable structure capitalistique derrière le produit. Une présence massive en grande distribution est également un signal d’alerte : un véritable artisan a rarement la capacité de production pour approvisionner des centaines de supermarchés.

Pour vous armer contre ces pratiques, voici un plan d’action simple à appliquer avant tout achat qui vous semble suspect.

Votre plan d’action anti-local-washing

  1. Vérifier le SIREN : Comparez l’adresse du siège social indiquée sur l’emballage ou les mentions légales du site avec le lieu de production affiché. Des adresses différentes (siège à Paris, usine en Europe de l’Est) sont un drapeau rouge.
  2. Analyser le storytelling : Méfiez-vous des histoires trop parfaites ou vagues (« depuis des générations ») sans noms, dates ou lieux précis et vérifiables. Le vrai artisanat a une histoire documentée.
  3. Rechercher la propriété : Tapez « nom de la marque + groupe » ou « nom de la marque + racheté par » pour découvrir si la petite marque n’est pas en réalité la propriété d’un géant de l’agroalimentaire.
  4. Examiner les canaux de distribution : Une disponibilité dans toutes les grandes enseignes nationales est souvent incompatible avec une production réellement artisanale et limitée.
  5. Décoder les vrais labels : Privilégiez les labels d’État exigeants comme « Entreprise du Patrimoine Vivant » (EPV) ou les AOP/IGP, qui garantissent un lien fort au territoire, plutôt que des auto-déclarations marketing.

Étude de cas : La différence entre vrais labels et marketing territorial

Le label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) est un exemple de garantie fiable. Attribué par l’État après un audit rigoureux mené par des organismes indépendants comme SGS, il exige une maîtrise complète de la chaîne de production sur le territoire français et la détention d’un savoir-faire rare. Sur près de 1450 dossiers instruits, seules environ 1000 entreprises ont obtenu ce label, preuve de son exigence. À l’inverse, des mentions comme « tradition française », « recette artisanale » ou « produit de nos régions » sont des arguments marketing qui ne reposent sur aucun cahier des charges ni contrôle officiel.

Comment présenter votre démarche d’achat local pour renforcer la valeur du cadeau

La valeur d’un cadeau artisanal ne réside pas seulement dans l’objet lui-même, mais dans l’histoire qu’il porte. Pour que la personne qui le reçoit comprenne toute la portée de votre geste, il est essentiel de ne pas juste « donner » le produit, mais de « transmettre » son histoire. Une présentation soignée qui raconte la démarche derrière votre choix transforme un simple pot de miel ou une poterie en une expérience mémorable et un véritable témoignage de votre engagement.

L’idée est de créer un écrin narratif autour du cadeau. Il ne s’agit pas de faire un exposé, mais de fournir quelques clés de lecture qui enrichissent la découverte. Qui est l’artisan ? Quelle est la particularité de sa technique ? Pourquoi avoir choisi ce producteur en particulier ? Ces éléments de contexte ajoutent une dimension humaine et émotionnelle qui décuple la valeur perçue du présent. C’est la différence entre offrir un produit anonyme et offrir une part d’un territoire et d’un savoir-faire.

Plutôt que de simplement emballer le produit, pensez à concevoir une « expérience de déballage ». Cela peut passer par une petite carte manuscrite, la localisation des producteurs sur une carte de la région, ou même un ordre de découverte des produits si votre coffret en contient plusieurs. L’objectif est de guider la personne dans un voyage, pas seulement dans la consommation d’un objet.

Coffret cadeau artisanal ouvert révélant des produits du terroir soigneusement arrangés

Voici une méthode simple, la technique de la « Carte d’Histoire », pour mettre en scène votre cadeau :

  • Créer une carte narrative : Sur un petit carton, rédigez à la main trois points clés : une brève présentation de l’artisan (ex: « Fabriqué par Hélène, apicultrice passionnée installée dans le Vercors »), une anecdote sur la fabrication (ex: « Ce miel est issu de fleurs sauvages butinées à plus de 1500m d’altitude »), et la raison de votre choix (ex: « Pour te faire découvrir les saveurs authentiques de nos montagnes »).
  • Soigner l’expérience de déballage : Si vous composez un coffret, numérotez les produits pour créer un parcours de dégustation ou de découverte. Joignez une petite carte de la région en entourant le lieu de production de chaque artisan. Le déballage devient une exploration.
  • Prolonger l’expérience : Allez plus loin en incluant les coordonnées de l’artisan pour une future commande en direct, un bon pour une visite de son atelier si c’est possible, ou un QR code menant à une courte vidéo de présentation de son travail. Vous créez ainsi un pont durable entre le destinataire et le producteur.

Dans quel ordre déguster 6 produits de terroirs différents pour créer un voyage cohérent ?

Composer un coffret de produits artisanaux est une excellente idée, mais pour que l’expérience de dégustation soit une réussite, l’ordre de découverte est primordial. Présenter les produits au hasard risque de saturer les papilles et de faire en sorte que les saveurs les plus subtiles soient écrasées par les plus puissantes. Pour créer un véritable voyage gustatif, il est essentiel de penser la dégustation comme une composition musicale, avec une montée en puissance progressive.

La règle d’or est le crescendo d’intensité. On commence toujours par les goûts les plus légers, les plus frais et les moins complexes pour préparer le palais. On progresse ensuite vers des saveurs plus marquées, des textures plus riches et des arômes plus persistants. Penser à alterner les sensations (sucré/salé, crémeux/croquant) permet également de relancer l’intérêt et d’éviter la lassitude. Le but n’est pas d’enchaîner les bouchées, mais de permettre à chaque produit d’exprimer pleinement son caractère.

Il est aussi crucial de prévoir des « pauses » pour le palais. Un morceau de pain à la mie dense et peu salée, ainsi qu’un verre d’eau plate, sont des alliés indispensables entre chaque dégustation. Ils permettent de « nettoyer » les papilles et de les préparer à apprécier la saveur suivante sans interférence. Le produit le plus intense, que ce soit un fromage très affiné, un alcool fort ou un chocolat très cacaoté, doit impérativement conclure la dégustation pour laisser une impression finale mémorable.

Pour orchestrer une dégustation de six produits, suivez cette méthode progressive :

  1. Étape 1 – L’éveil délicat : Commencez par les saveurs les plus subtiles et fraîches. Un miel d’acacia, un confit de fleurs, un fromage de chèvre frais ou une infusion de plantes légères sont parfaits pour éveiller le palais en douceur.
  2. Étape 2 – La montée en texture : Introduisez des produits avec plus de mâche et de complexité modérée. Pensez à une terrine de campagne fine, des biscuits salés artisanaux ou un fromage à pâte pressée jeune (type tomme fraîche).
  3. Étape 3 – Le cœur aromatique : Passez aux goûts plus affirmés. Un saucisson sec, un comté affiné 18 mois ou un confit d’oignons viendront solliciter les papilles plus intensément.
  4. Étape 4 – L’interlude de contraste : Proposez une texture ou une saveur qui tranche avec la précédente. Après un fromage, un fruit frais et croquant (pomme, poire) ou quelques cerneaux de noix peuvent créer un pont gustatif intéressant.
  5. Étape 5 – La puissance maîtrisée : Abordez les produits à fort caractère. Un fromage bleu, une tapenade noire riche ou un morceau de pain d’épices aux notes puissantes.
  6. Étape 6 – L’apothéose : Terminez par le produit le plus complexe ou le plus intense en alcool ou en amertume. Un carré de chocolat noir à 75% de cacao, un verre d’eau-de-vie de fruit ou une liqueur artisanale concluront la dégustation en apothéose.

Comment générer 10 idées cadeaux originales en 15 minutes avec une méthode créative ?

Le principal obstacle pour offrir un cadeau artisanal local n’est pas le manque d’artisans, mais souvent le manque d’idées. Face à l’immense diversité des savoir-faire, on peut se sentir perdu. Pour surmonter ce blocage, il faut une méthode structurée qui permette de transformer les caractéristiques d’une personne en idées cadeaux concrètes et pertinentes. Oubliez le brainstorming désordonné et adoptez une approche systématique.

La méthode « Persona-Passion-Proximité » (PPP) est un outil créatif redoutable pour générer rapidement des idées ciblées. Elle consiste à ne pas partir du produit, mais de la personne qui recevra le cadeau. En se concentrant sur ses passions, ses besoins ou même ses petits problèmes du quotidien, on identifie des pistes très concrètes qui peuvent ensuite être associées à un type d’artisanat local. Cette technique transforme la recherche d’un cadeau en un jeu de déduction logique et créatif.

L’avantage de cette approche est qu’elle produit des idées non seulement originales, mais surtout profondément personnelles et utiles. Au lieu d’offrir un énième objet décoratif, vous offrez une solution élégante à un besoin, un outil pour une passion, ou une expérience qui fait écho aux goûts de la personne. Le cadeau gagne immédiatement en pertinence et en valeur sentimentale. En prime, cette méthode permet de créer des coffrets thématiques uniques en combinant le travail de plusieurs artisans.

Voici comment appliquer la méthode PPP en 15 minutes chrono :

  1. Créez la colonne « Persona » (5 min) : Sur une feuille, listez 5 à 7 profils de personnes dans votre entourage ou de « types » de destinataires : l’amateur de jardinage, le passionné de cuisine, l’adepte du bien-être, le bricoleur du dimanche, l’esthète qui aime les beaux objets, le jeune parent, etc.
  2. Créez la colonne « Passion/Problème » (5 min) : Pour chaque persona, identifiez une passion, un besoin concret ou un « problème » à résoudre. Exemples : « veut cultiver ses propres aromates », « cherche des plats de service originaux », « a besoin de se détendre après le travail », « veut des outils qui durent », « cherche à retrouver les goûts de son enfance ».
  3. Créez la colonne « Artisan correspondant » (5 min) : Associez à chaque passion/problème un artisan local qui y répond. Exemples : semencier bio local, céramiste ou potier, savonnier ou producteur de tisanes, maroquinier (pour une trousse à outils en cuir), confiseur traditionnel.
  4. Bonus – Le Combo Créatif : Pour une idée encore plus forte, combinez deux artisans. Associez le potier et l’apiculteur pour un « kit petit-déjeuner local » (bol en céramique + pot de miel). Associez le savonnier et le créateur de bougies pour un « coffret détente ».
  5. Validation Finale : Utilisez les annuaires des CMA ou les plateformes en ligne pour vérifier la disponibilité de ces artisans dans votre région. Vous avez maintenant une liste d’idées ultra-personnalisées et réalisables.

À retenir

  • L’achat local n’est pas un acte symbolique, mais un investissement économique puissant grâce à l’effet multiplicateur qui triple la valeur de chaque euro sur le territoire.
  • Distinguer un artisan indépendant (préservation du savoir-faire) d’une PME locale (création d’emplois) permet d’affiner son impact social en fonction de ses priorités.
  • La vigilance est essentielle : savoir déjouer le « local-washing » en vérifiant les labels (EPV, AOP) et la structure des entreprises est crucial pour que votre soutien aille aux véritables acteurs de l’économie de proximité.

Comment reconnaître l’origine et la qualité des produits du terroir français authentiques

Dans un marché où les termes « artisanal » et « terroir » sont souvent galvaudés, les labels officiels sont des boussoles précieuses pour le consommateur engagé. Ils ne sont pas de simples logos, mais le résultat de cahiers des charges stricts et de contrôles indépendants. Savoir les décrypter est la compétence fondamentale pour garantir l’origine, la qualité et le lien réel d’un produit avec son territoire. Tous les labels ne se valent pas et ne garantissent pas la même chose.

Les labels les plus exigeants en matière de lien au terroir sont l’Appellation d’Origine Protégée (AOP) et l’Indication Géographique Protégée (IGP). L’AOP est la plus stricte : elle garantit que 100% des étapes, de la production de la matière première à la transformation finale, sont réalisées dans une aire géographique délimitée selon un savoir-faire reconnu. L’IGP, plus souple, n’exige qu’une seule étape dans la zone. Ces deux labels sont des garanties fortes contre la délocalisation et la standardisation. D’ailleurs, la confiance des consommateurs est au rendez-vous, puisque 80% d’entre eux font confiance au label AOP pour garantir l’authenticité.

D’autres labels se concentrent sur des aspects différents mais tout aussi importants. Le label d’État Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) ne garantit pas une origine géographique mais un savoir-faire d’excellence et une production française. C’est la meilleure garantie d’un artisanat authentique et de haute volée. Le label Agriculture Biologique (AB) assure le respect de normes environnementales, mais un produit bio n’est pas nécessairement artisanal ou local. Enfin, le label Origine France Garantie certifie qu’au moins 50% du prix de revient du produit est français, une bonne indication sur l’origine mais moins exigeante que l’AOP sur le lien au terroir.

Ce tableau comparatif vous aidera à y voir plus clair parmi les principaux labels que vous rencontrerez.

Décryptage des labels de qualité et d’origine
Label Garanties Contrôles Fiabilité artisanale
AOP/AOC 100% du processus dans la zone géographique définie Cahier des charges strict, contrôles réguliers INAO Forte mais peut inclure des industriels
IGP Au moins une étape dans la zone géographique Contrôles INAO mais critères plus souples Moyenne, vigilance sur l’origine des matières premières
Label EPV Savoir-faire d’excellence, production française intégrale Audit sur site SGS, renouvellement tous les 5 ans Très forte, garantie d’artisanat authentique
AB (Agriculture Biologique) Respect cahier des charges bio européen Certification par organisme agréé Qualité environnementale mais pas forcément artisanale
Origine France Garantie 50% minimum du prix de revient français Audit Bureau Veritas Bonne pour l’origine, variable pour l’aspect artisanal

Maîtriser ces distinctions est votre meilleur atout. Cela vous permet de faire des choix en pleine conscience, en sachant précisément ce que vous soutenez : un territoire, un savoir-faire, une pratique environnementale ou l’emploi français. Votre acte d’achat devient alors une décision stratégique et informée.

Faites de votre prochain cadeau plus qu’un simple objet : faites-en un acte militant pour la vitalité de votre territoire. Votre choix est une force économique. Utilisez-la. Commencez dès aujourd’hui à explorer les artisans près de chez vous pour un impact concret et durable.

Rédigé par Thomas Rousseau, Thomas Rousseau est ethnologue culinaire et chercheur en patrimoine gastronomique depuis 14 ans, titulaire d'un Doctorat en anthropologie de l'alimentation de l'EHESS Paris. Il mène actuellement des recherches terrain sur les savoir-faire artisanaux en voie de disparition et conseille des collectivités territoriales sur la valorisation de leur patrimoine culinaire.